Alfred Courmes voit le jour en 1898 à Bormes dans un milieu bourgeois où musique et peinture ne sont que des passe-temps. De santé fragile, on le retrouve en 1919 alité dans un sanatorium proche de Clermont-Ferrand avec pour voisin Roger de la Fresnaye. Ce dernier lui enseigne, de façon paternelle, dessin et peinture à la manière cubiste qui lui est propre mais Courmes s’émancipe peu à peu de cette doctrine picturale — dont il conservera cependant une rigueur dans la composition — pour un réalisme très personnel. Après ses années de jeunesse au Lavandou, il séjourne de 1927 à 1929 à Ostende où il se marie et découvre alors les maîtres flamands.
L’artiste s’installe définitivement à Paris et sur ces bases nouvelles développe une peinture très originale à contre-courant des modes. Sur un fond digne du meilleur quattrocento, il “actualise” la
mythologie et les textes religieux, poussant l’humour jusqu’au cynisme. Bravant tabous et croyances, il est méprisé des milieux bien-pensants. Une récompense toutefois : le prix Paul-Guillaume en 1936 et deux commandes de l’état en 1937 dont la décoration de la salle à manger de l’ambassade de France à Ottawa.
Aujourd’hui, la valeur de cet artiste singulier et attachant est enfin reconnue et les milieux de l’art lui accordent désormais un rôle essentiel de précurseur du pop-art et de la figuration narrative. De jeunes peintres ont salué en lui l’initiateur d’une certaine modernité avec son “impossibilité de classification” et son appropriation de l’imagerie publicitaire.
Grâce à l’aimable complicité de Thierry Courmes, de la galerie Loevenbruck et de quelques collectionneurs, la Ville du Lavandou est heureuse de s’associer à la redécouverte de cet enfant du pays en présentant, à la Villa Théo, une vingtaine d’oeuvres de différentes périodes de ce séduisant provocateur.