Comme ses amis les peintres Georges Seurat et Paul Signac, Henri-Edmond Cross est un des acteurs principaux du néoimpressionnisme et son rôle est essentiel dans l’histoire de la libération de la couleur à l’aube du XXe siècle. Il adopte la technique de la division des tons en 1891 et lui reste fidèle jusqu’à sa mort en 1910, époque où il fait figure d’un des pères de la modernité.
Né à Douai en 1856, Cross participe à la fondation du Salon des Indépendants à Paris, avant de quitter la capitale en 1891 pour s’installer définitivement dans le Var, à Cabasson, puis à Saint-
Clair au Lavandou où il fait construire sa maison à seulement quelques centaines de mètres de la plage. Là, malgré de douloureux problèmes de santé, Cross atteint sa période la plus féconde. Il
pousse ses recherches à l’extrême et, abandonnant les contraintes qu’il s’imposait, laisse épanouir son art au gré de son imagination, notamment par l’usage de l’aquarelle à partir de 1903.
“En été, la lumière répandue à profusion sur toutes choses vous attire, vous ahurit, vous affole. […] Ici, nos plages sont désertes. L’élégance ne réside que dans les pins qui sortent du sable et dans la délicieuse demi-lune que forme le rivage. Mais que cela est éternellement beau.
Et grave ou frivole selon la disposition d’esprit de l’observateur !” (Lettre de Cross à Charles Angrand).
La Villa Théo et le musée de l’Annonciade ont le plaisir de s’associer cet été pour rendre hommage à ce “poète de la teinte” sur les terres varoises qui l’ont tant inspiré. Cette double exposition présente une trentaine d’huiles dans la cité tropézienne et une sélection d’oeuvres sur papier de l’artiste, dont certaines préparatoires à des toiles majeures, dans l’ancienne maison-atelier du peintre belge Van Rysselberghe. Ce côté intime de l’art de Cross permet de plonger dans l’aspect le plus sensible de cette figure du néo-impressionnisme récemment redécouverte après une longue période d’oubli.