La collection Catherine Gide
Raphaël Dupouy, Pierre Masson
Petite-fille du peintre Théo Van Rysselberghe, fille d’un écrivain amateur de peinture et ami de nombreux peintres, Catherine Gide a hérité d’une riche collection de peintures et de dessins, dont une centaine se trouve encore en possession de ses enfants. De cette collection, qui doit être prochainement dispersée, les plus belles pièces sont exposées en cet été 2020 à la Villa Théo, le nouveau centre d’art du Lavandou créé en 2017 dans l’ancienne-maison atelier du peintre Van Rysselberghe.
On y retrouve bien sûr des oeuvres signées Cross et Van Rysselberghe, deux figures majeures du néo-impressionnisme, mais également Barye, Bussy, Clouzot, Conder, Cornilleau, De La Fresnaye, Denis, De Regoyos, Drouart, Guérin, Hiroshige, Hokusai, Kuniyoshi, Laurencin, Laurens, Leplat, Maillol, Marye, Minne, Piot, Pissarro, Redon, Rops, Schlobach, Sickert, Vallotton, Vanden Eeckhoudt, Weyher-Schlumberger…
André Gide s’intéressa toute sa vie à la peinture, comme un accompagnement et un prolongement de sa quête artistique. Dès 1892 il demandait à Maurice Denis de travailler avec lui à son Voyage d’Urien.
Denis allait devenir un ami que Gide allait à son tour encourager vers une forme plus classique. L’amitié fut un guide important pour Gide dans le milieu de la peinture. Camarade de Paul Laurens, confident de Jacques Émile Blanche, il fut bientôt attiré par son ami Ghéon dans l’intimité de Théo Van Rysselberghe. Par cette rencontre majeure, Gide n’allait pas seulement se donner une seconde famille, mais s’ouvrir à une confrérie de peintres où figuraient Cross, Simon Bussy, Vanden Eeckhoudt. Et, bien souvent, une nouvelle rencontre se traduisait par un nouveau portrait de Gide. L’amitié encore pouvait inciter Gide à se faire mécène envers des peintres désargentés comme Walter Sickert, présenté par Blanche ou Lacoste que soutenait Francis Jammes.
Par son activité littéraire, Gide se trouvait également en contact avec d’autres groupes de peintres. Chez Mallarmé, il avait découvert Odilon Redon ; collaborant à La Revue blanche, il devint familier de Bonnard, Vuillard, Vallotton. Fréquentant ateliers, salons, galeries, il côtoyait ainsi les groupes les plus divers, nabis, néo-impressionnistes, expressionnistes, rencontrant Picasso, visitant Marie Laurencin.
Catherine Gide, 1935 par Jean Vanden Eeckhoudt (1875-1946)
Mais sa quête d’un certain classicisme figuratif lui fit choisir le fresquiste René Piot pour décorer sa villa d’Auteuil, ou plus tard soutenir le peintre Cornilleau ou la sculptrice Simone Marye.
Ainsi, par les nombreuses acquisitions de Gide, mais aussi par les oeuvres qui lui étaient offertes, et par toutes celles que Théo Van Rysselberghe laissa à sa mort, s’est constituée une collection exceptionnelle par sa
diversité et sa richesse, dont Catherine Gide fut la dépositaire, et qu’il nous est permis aujourd’hui, grâce à la générosité de sa famille, de découvrir.
Avant dispersion.
Dans la demeure où Théo Van Rysselberghe choisit de passer les dernières années de sa vie, cette exposition estivale, réunissant une soixantaine d’oeuvres (dont de nombreuses sont inédites), prend bien évidemment
toute sa légitimité.
Cet événement, organisé par le service culturel du Lavandou, est soutenu par la Fondation Catherine Gide et le Conseil départemental du Var, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide et le Réseau Lalan.
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Catherine Gide lors de l’exposition Théo Van Rysselberghe, intime
en septembre 2005 à l’Espace culturel du Lavandou