Serge Plagnol – Confidences d’atelier
Serge Plagnol à la Villa Théo
Pour sa première exposition estivale, la Villa Théo accueille un artiste contemporain. Né en 1951 à Toulon, Serge Plagnol est un peintre dont la notoriété a largement dépassé les limites du Var et dont les oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques. Dans l’ancienne maison-atelier du néoimpressionniste Van Rysselberghe, l’ex-professeur des écoles des beaux-arts de Toulon et de Nîmes propose cet été des créations récentes avec pour sujets le jardin et le corps féminin et porte son regard contemporain sur ce thème classique de l’histoire de l’art.
« Il y a pour moi une mémoire de la peinture et chaque peintre se réapproprie dans son présent des fragments mémoriaux de celleci. Ici, sur cette côte méditerranéenne, c’est une certaine manière un peu nostalgique d’un “art de vivre” disparu.” Une période où la peinture, s’affranchissant du sujet, commence à devenir lieu de la couleur, des couleurs, des vibrations et du geste pictural. Dès lors, dans un lyrisme assumé, la peinture de Plagnol se refuse au classement habituel entre abstraction et figuration. Son trait ferme compose et structure la toile ; la couleur s’impose en douceur et vibre comme la mémoire fugace de l’émotion transmise par l’oeil.
Avec son lot de réminiscences… »
“Les paysages avec figures ont marqué un changement dans la construction des espaces de mes peintures, précise encore l’artiste. Ce sont des peintures réalisées en atelier à partir de dessins, de croquis faits sur le motif lors de déplacements, voyages ou simples promenades dans des paysages bien réels.” À côté de toiles parfois de grands formats, l’artiste présente également un ensemble de gouaches sur papier, réalisées en plein air, au fil des jours, comme un carnet où s’expriment ses humeurs du moment, ses sensations quotidiennes, ainsi que des dessins spécialement réalisés dans le jardin de la Villa Théo. »
À l’occasion de l’exposition de ses oeuvres au Lavandou et après plusieurs visites dans son repère toulonnais, nous avons souhaité, avec Isabelle Bernardi, interviewer Serge Plagnol et recueillir ses confidences d’atelier. Depuis maintenant de nombreuses années, Isabelle Bernardi aime transmettre le goût des Arts et de la peinture en particulier, aider ceux qui viennent la voir à élaborer un projet pictural en leur donnant les bons outils, les bons enseignements adaptés à leur désir d’expression.
De nombreuses questions sont récurrentes quant au processus de création, sa mise en oeuvre, les moyens et les satisfactions que l’on peut en retirer. Pour leur répondre, elle fait souvent référence à la vie des plus grands peintres et leur expose les facilités, les difficultés que ces peintres ont pu rencontrer lors de leur mise en travaux.
Pour ces élèves, ces amateurs ou simplement ces intéressés, elle a été heureuse de saisir l’opportunité de poser quelques questions à Serge Plagnol. À lire plus loin. Ce “pas à pas” avec l’artiste est une promenade tout au long de l’élaboration d’une toile, de sa genèse jusqu’à son partage.
Confidences d’atelier
Serge Plagnol, comment vous vient l’idée d’une toile ?
Cela dépend des moments et de l’ambiance personnelle dans laquelle je suis. Par exemple, cela peut venir si je circule à pied, en voiture ou dans un paysage, ou que je me retrouve dans un jardin ou
à la plage, pourquoi pas en train de me baigner. Je reviens vite alors à l’atelier. C’est donc à la fois une ambiance intérieure et extérieure qui va induire le départ d’une peinture ou d’une série.
Passez-vous par l’étape d’une esquisse ou cela vient-il directement, spontanément ?
Je passe par des esquisses que je ne montre pas forcément. Et je me balade avec beaucoup de carnets. La série pour l’abbaye de Silvacane, j’avais commencé à la concevoir dans ma tête. Mais j’y
suis allé plusieurs fois, j’ai fait des croquis sur des carnets ; j’ai écrit, j’ai pris des notes ; j’ai dessiné et, après, c’est dans l’atelier que j’ai commencé mes peintures avec une certaine dose d’improvisation
au départ.
Pouvez vous nous décrire une journée type d’atelier ?
Type ? Pas vraiment. Je n’ai pas de rituels mais il y a des réflexes qui reviennent. Je peux me lever le matin, si je dors ici dans l’atelier, et me mettre à peindre tôt, après avoir bu juste un café. Mais, ce qui
est vrai, c’est qu’après, j’ai tout de suite besoin de sortir. Je ne peux pas rester toute une journée dans mon atelier. Ça c’est la question du dehors-dedans qui est aussi une des dimensions de la peinture.
Il faut que je sorte, je prends ma voiture et je vais voir la mer. Je peux alors me baigner. J’ai besoin de choses concrètes. Je reviens et, là, je peux peindre. Et puis je ressors en fin d’après-midi. Donc,
il y a souvent un aller-retour intérieur-extérieur. Une notion que l’on retrouve dans ma peinture.