Solange Triger – Confidences d’atelier

Solange Triger – Confidences d’atelier

Solange Triger, de l’Indonésie à la Villa Théo

Après la présentation d’oeuvres de peintres du début du XXe siècle réunies dans la collection Catherine Gide, la Villa Théo fait souffler un vent de fraîcheur tout en couleurs sur ses murs et propose en cet automne 2020 une artiste contemporaine varoise.
Solange Triger vit et travaille à Toulon depuis 1990 mais sa notoriété a désormais dépassé les limites du département. Elle compte notamment plusieurs expositions à l’étranger (Indonésie, Maroc, Allemagne, Espagne, Italie, etc.). Parallèlement à sa propre pratique artistique, Solange Triger enseigne à l’École Supérieure d’Art et de Design de Toulon-Provence-Méditerranée.

En 2011 et 2018, lors de résidences d’artistes sur l’île de Java en Indonésie, Solange Triger a été frappée par la végétation luxuriante, les couleurs de l’architecture et par la richesse des formes issues de la technique traditionnelle du batik. À son retour, elle a alors entrepris des recherches qui lui ont permis de transposer dans sa peinture le principe du dessin
par la réserve, procédé utilisé dans le batik avec de la cire, pour créer de grands formats aux compositions picturales complexes.
En 2012, lors de nouvelles résidences d’artistes au Maroc, ce sont lesmotifs issus de l’art traditionnel des potiers et céramistes qu’elle a utilisés pour oblitérer les motifs floraux de ses peintures, créant ainsi un dialogue entre figuration et abstraction, tout en conservant le procédé de la réserve.
Les Suites indonésiennes présentées cet automne à la Villa Théo sont une partie de ces peintures, sorte d’écho pop et coloré à la végétation méditerranéenne du lieu.
“Dans mon univers, c’est d’abord la couleur – fruit d’une saturation chromatique – qui donne forme aux motifs, qu’ils soient paysages, fleurs ou corps humains, confie l’artiste. Le lieu essentiel de mon travail artistique, c’est la peinture : il m’a toujours semblé que ce vieux médium qui a rendu visible les premiers gestes de la représentation magique de l’humanité et accompagné son histoire jusqu’à aujourd’hui, était un fonds inépuisable, une réserve non seulement d’images du monde mais aussi de questions infinies sur leur mise en oeuvre et leur fonctionnement symbolique.”

 

Cet accrochage est complété par ses dernières recherches autour des Jungles noires. Cette nouvelle série trouve son origine dans l’émotion ressentie devant les images d’incendies dévorant la forêt amazonienne.
L’indescriptible de cette catastrophe anthropique se traduit par le caractère chromatique nocturne de ces peintures, contrepoint à l’ambiance colorée des Suites indonésiennes, qui n’est pas sans nous rappeler les incendies dramatiques de nos régions.
Comme nous l’avions fait pour le peintre varois Serge Plagnol lors de son exposition durant l’été 2018 à la Villa Théo, nous avons souhaité, avec Isabelle Bernardi (professeure d’arts plastiques), interviewer Solange Triger et recueillir ses confidences d’atelier. Dans son repère toulonnais, l’artiste a répondu avec enthousiasme, mêlé de légèreté et de profondeur,
à nos questions sur son parcours et sur ses processus de création. À lire dans ce catalogue qui accompagne cette exposition.

Confidences d’atelier

Comment as-tu trouvé cet atelier, ce lieu de travail ?
J’ai passé plus de dix ans chez des mécènes, Marianne et Gérard Estragon, qui m’ont accueillie dans leur très belle propriété, “La Cécilia”, sur les pentes du Faron à Toulon. Au moment où ils ont pris leur retraite, j’ai pensé qu’ils allaient sans doute avoir besoin de l’atelier qu’ils m’avaient prêté. Je me suis donc mis à chercher dans différents quartiers de la ville et j’ai trouvé cet ancien magasin qui s’appelait “L’Horloge des Fleurs”, ce qui était assez extraordinaire. Après l’avoir vu une première fois puis avoir continué mes recherches pendant un an, j’ai recontacté la propriétaire et je lui ai dit : “C’est bon, ça m’intéresse”. C’est un atelier où je suis seule, ce qui est un avantage ; je pense que les ateliers collectifs
ne me conviendraient pas. J’aime bien être seule et tranquille. Il est assez grand, ce qui permet d’avoir un espace pour présenter mes oeuvres, un espace pour travailler, une réserve et puis un petit coin bureau. C’est un quartier très sympa, très populaire. J’y ai des copains, ce qui génère parfois des rencontres assez surprenantes. J’y suis maintenant depuis vingt ans et je m’y sens parfaitement bien. J’ai conservé l’enseigne Art déco car à l’époque je peignais des fleurs. On m’arrête d’ailleurs encore parfois pour me demander si je vends des fleurs.

La fleur, c’est un thème récurrent dans ton travail ; d’abord avec les Tournesols, une peinture en réaction à une actualité en 1995, que tu as développée en 2000 et repris en 2014 ?
Oui, mais je crois que d’une façon plus générale, c’est la question de la nature et du paysage que j’ai abordée dès le tout début de ma pratique sous l’influence de certains peintres comme Turner, ou Caspar David Friedrich que j’ai découverts lors de différents voyages en Allemagne. Puis le sujet fleur s’est cristallisé avec la série des Tournesols, en réaction en effet à une situation politique très obscure qui s’était abattue sur Toulon.

 

Consultez la suite sur la brochure de l’exposition ci-dessous

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